d. Gérer la diversité : l’approche des cités interculturelles. Conseil de l’Europe la cité interculturelle pas à pas
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La cité interculturelle pas à pas
La complémentarité des compétences entre les travailleurs autochtones et ceux nés à l’étranger joue un rôle clé dans la littérature. Y compris au même niveau d’instruction, la capacité à résoudre des problèmes, la créativité et la capacité d’adaptation peuvent varier, ce qui favorise un apprentissage réciproque. De récentes études de l’OCDE ont
également mis l’accent sur la contribution des immigrés à la croissance économique.
Leurs auteurs ont relevé, en particulier, que les migrants contribuent à l’économie de leur pays d’accueil par l’apport d’autres compétences et savoir-faire, ou directement par la création de nouvelles entreprises. Ils montent des sociétés dans un large éventail de secteurs et activités professionnelles, y compris dans le domaine de l’innovation.
Dans son étude Leadership Diversity in the Nonprofit Sector: Baby Steps, Big Strides, and
Bold Stances
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(La diversité dans l’encadrement des organisations à but non lucratif : premiers pas, grandes avancées et initiatives audacieuses), fondée sur trois enquêtes réalisées auprès de plus de 420 associations du Grand Toronto, Chris Fredette (université de Carleton) conclut que la diversité des instances de direction d’une association contribue à son efficacité globale, par exemple pour la stabilité et la réalisation de la mission qu’elle s’est donnée, et pour un meilleur contrôle financier. Cette diversité améliore aussi les relations entre les partenaires, renforce la capacité de l’association à répondre aux attentes de la collectivité et de ses usagers et insuffle de nouvelles perspectives lors de la prise de décisions. L’étude souligne également qu’au-delà d’un seuil critique de 30 % de diversité dans les instances de direction, on constate un accroissement des bénéfices pour l’organisation.
En dépit des avantages considérables d’une telle diversité, l’étude montre que les minorités visibles restent sous-représentées au sein des instances de direction des associations du Grand Toronto. Les minorités visibles représentent 40 % de la population de ce territoire, mais leurs membres n’occupent que 15,6 % des 4 254 postes de direction examinés.
Le rapport compte un certain nombre de recommandations à l’intention des associations qui souhaitent renforcer leurs instances de direction. Il les engage notamment à prendre conscience des avantages que présente la diversité au sein des fonctions de direction, à faire connaître ces avantages et à aligner les efforts en faveur de la diversité sur leur mission et leur mandat.
11. http://diversecitytoronto.ca/publications/dc-counts/diversecity-counts-5/ (en anglais).
Le concept de cité interculturelle
b. Comment exploiter les avantages de la diversité ?
La recherche a fourni un grand nombre de preuves attestant des effets de la diversité sur la performance et les politiques économiques. Elle a également mis en évidence que la diversité représente un arbitrage constant entre coûts et avantages.
Une riche littérature s’est intéressée aux effets de la ségrégation résidentielle, en tant que configuration spécifique de la diversité. Si la thèse du contact était vérifiée, la ségrégation résidentielle impliquerait de moins bons résultats sur le plan socio-économique.
Les coûts et avantages dépendent du nombre et de la taille relative des groupes culturels de la ville, mais aussi de leur degré d’intégration et du cadre institutionnel et politique en place, qui va encourager ou compromettre cette intégration. C’est aux maires et aux dirigeants municipaux de créer des conditions propices afin d’amplifier les avantages sociaux et économiques des communautés hétérogènes.
Les immigrés de première génération vivant dans des enclaves ethniques ont généralement des revenus supérieurs et de meilleures conditions de vie que leurs homologues qui vivent en dehors. Cependant, lorsque l’enclave ethnique reste homogène sur le long terme, cela peut devenir préjudiciable pour ses habitants. En effet, l’enclave agit comme une barrière qui réduit l’intégration économique et sociale dans la société d’accueil, étant donné que les migrants ont tendance à ne pas nouer des liens ou des relations économiques avec des personnes de l’extérieur. Le rôle des politiques serait d’intervenir pour effacer les lignes de fracture (ou empêcher leur formation) qui pourraient surgir de façon endogène, fruit de choix individuels. Cela exigerait de prendre des mesures à différents niveaux, dans une multitude de domaines (école, lieux de travail, espaces publics urbains), afin de favoriser la rencontre et le brassage ethnique et social, et dépasser ainsi tous les clivages.
Les institutions, les valeurs et les mécanismes de gouvernance ont un important rôle
à jouer pour faire de la diversité un levier de performance socio-économique, étant donné le lien diversité-performance. Au niveau des villes et des équipes, plusieurs courants de recherche soulignent l’importance de la tolérance et de l’ouverture à
la différence.
En sociologie, Richard Florida défend l’idée que les villes où la différence est appréciée sont capables d’attirer des personnes créatives et deviendront par conséquent
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