interculturelle. Conseil de l’Europe la cité interculturelle pas à pas
Notes en blanc
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La cité interculturelle pas à pas
Dans le cadre du projet de redynamisation de la Karl-MarxStraße à Neukölln, qui est à la fois l’une des principales rues commerçantes et l’une des principales artères du quartier, l’identité internationale de la ville était mise en exergue dans l’intitulé du projet : « Aktion Karl-Marx-
Straße – une rue jeune, haute en couleurs et
prospère ! » L’objectif était de rendre le secteur plus agréable afin qu’il devienne un centre vivant et animé, entre autres en associant étroitement le tissu économique local à l’initiative. Il avait été expressément décidé d’inclure l’expression « haute en couleurs » dans l’intitulé du projet, dans une optique d’interculturalité. Le programme élaboré par la suite visait à créer des liens entre les différents acteurs du quartier, en accordant une attention toute particulière à la question de l’économie ethnique. Celle-ci a été soigneusement étudiée et a été représentée par des acteurs locaux pendant toute la durée du projet.
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Pour aller plus loin
• Une sélection de rapports de projets portant sur la création de lieux de convivialité et de notes d’orientation datant des années de formation du programme
Cités interculturelles
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.
• Chaire Unesco de l’université de Venise (Italie), Inclusion sociale et spatiale des
migrants internationaux : politiques et pratiques urbaines
46
.
• « Sense of Place », exemple d’une démarche de coproduction innovante menée à bien dans un quartier multiethnique de Birmingham (Royaume-Uni)
47
.
• « Surrey Canal », projet global de revitalisation du secteur du canal de Surrey. Ce projet, impulsé par le secteur privé, est fondé sur des principes interculturels
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.
• « Designing an Intercultural Park in Melitipol, Ukraine », projet d’une équipe interculturelle dirigée par Stadslab, Pays-Bas
49
.
• Intercultural Urbanism, blog de Dean Saitta, Denver, Etats-Unis
50
.
45. http://tinyurl.com/75bsd7n.
46. www.unescochair-iuav.it/.
47. http://tinyurl.com/blhfh67.
48. http://surreycanal.com/.
49. http://tinyurl.com/7ghvfau.
50. www.interculturalurbanism.com/.
Eléments d'une stratégie interculturelle
• Qadeer M. A., « Qu’est-ce que la planification multiculturelle ? », un document utile pour effectuer des comparaisons entre les pratiques canadiennes de planification multiculturelle et d’autres méthodes
51
.
• Le concept de « Design for All » (ou « conception pour tous ») désigne une intervention sur les environnements, les produits et les services visant à ce que tous, y compris les générations suivantes, et sans égard à l’âge, au sexe, aux capacités ou aux origines culturelles, puissent participer pleinement à la construction de notre société et participer sur un pied d’égalité aux activités économiques, sociales, culturelles, récréatives et de loisirs, en ayant la possibilité d’accéder
à tout élément de l’environnement, quel qu’il soit, de l’utiliser et de le comprendre, avec la plus grande autonomie possible 52 .
• Sandercock L., Towards Cosmopolis : planning for multicultural cities, John Wiley,
Londres, 1998.
• Le quartier de Lewisham, à Londres (Royaume-Uni), a lancé une nouvelle manière de concevoir l’urbanisme à travers un prisme interculturel
53
.
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c. L’habitat
Le phénomène de concentration d’habitants d’une même origine culturelle ou ethnique dans certains quartiers est d’une intensité très variable selon les villes européennes. Par ailleurs, les avis divergent lorsqu’il s’agit de savoir si l’Etat devrait intervenir ou si le marché et les choix personnels devraient primer. Une cité interculturelle n’impose pas de mélange statistique « parfait » et reconnaît la valeur des enclaves ethniques, du moment qu’elles ne constituent pas un obstacle à la libre circulation des personnes et des idées, et à l’égalité des chances pour leurs habitants comme pour les personnes extérieures.
Le degré de cohésion d’un quartier est un important indicateur de l’intégration ainsi que d’attitudes positives envers la diversité. Une enquête conduite en 2011 dans sept pays européens par l’institut de sondage Ipsos, dans le cadre du programme
51. http://tinyurl.com/6t5tafw.
52. www.designforall.org/.
53. www.lewisham.gov.uk/Environment/Regeneration/DeptfordAndNewCross/DeptfordTownCentre/
DeptfordToday.htm.
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La cité interculturelle pas à pas
Sparda (action conjointe du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne), a montré le lien existant entre les niveaux perçus de cohésion sociale de voisinage et la perception de l’atout que représente la diversité. Les personnes qui percevaient un faible niveau de cohésion sociale dans leur quartier étaient plus négatives concernant la plupart des aspects de l’immigration. Par exemple, elles étaient trois sur quatre (66 %) à convenir que l’immigration faisait peser de trop lourdes pressions sur les équipements de la ville, alors que ce pourcentage était de 54 % chez les personnes qui percevaient un niveau élevé de cohésion sociale dans leur voisinage.
Le modèle d’intégration interculturelle doit donc mettre un accent particulier sur le développement et la cohésion des quartiers. Tout comme les structures et processus participatifs, les projets de quartier qui permettent aux habitants de travail-
ler ensemble vers un but commun sont un outil essentiel.
De tels projets doivent être conçus de façon à encourager et faciliter la participation de personnes issues de différents milieux socioculturels, sans considération de leur niveau d’instruction, de leur âge ou de leur sexe. Il est important de créer des incitations et des possibilités d’interaction afin que les gens dialoguent aussi souvent que possible, au-delà de leurs différences. En effet, la mixité dans l’habitat ne se traduit pas automatiquement par davantage de contacts, d’ouverture et de proximité. De telles incitations peuvent être, par exemple, la création de maisons de quartier animées par des personnels ou des bénévoles de diverses origines, des manifestations éducatives, civiques et festives, des activités de médiation, des espaces ouverts à plusieurs connotations culturelles, où les personnes de différentes origines et de tous âges se sentiront bienvenues et à l’aise.
Questions à se poser : La ville comprend-elle des zones résidentielles obéissant à une démarcation ethnique ? Le système d’attribution de logements sociaux et/ou le marché du logement privé contribuent-ils à la concentration ethnique ? Les équipements collectifs locaux encouragent-ils le brassage interethnique, ou sont-ils principalement monoculturels ?
Exemple
Le centre culturel Sud-Est de Reggio d’Emilie est le centre névralgique d’une initiative audacieuse visant à recréer une culture civique du débat et de l’autogestion, et à reconstruire le tissu social hétérogène du secteur de la gare ferroviaire.
Eléments d'une stratégie interculturelle
La direction du centre est composée de bénévoles de différentes origines. Le centre a joué un rôle déterminant dans la signature d’un pacte entre les habitants du secteur de la gare et le maire de Reggio d’Emilie. Par cette initiative, la municipalité a exprimé sa confiance et promis d’investir dans ce quartier. Les citoyens, quant à eux, se sont engagés à gérer le centre, à s’occuper des espaces publics et à exercer un contrôle social, en vue de contribuer au respect de l’ordre public. Les notions de cohésion et de coexistence sont couramment utilisées et les citoyens y adhèrent fortement.
Dans le cadre du pacte communautaire, les habitants ont élaboré des projets de lutte contre l’alcoolisme et la toxicomanie, de médiation des citoyens en cas de conflits de voisinage, d’éducation de la famille et de la jeunesse, ainsi qu’un projet sur les danses du monde. La ville a remis en état un parc situé dans le quartier, amélioré l’éclairage public et renforcé la présence policière. En une année seulement, le quartier, qui avait auparavant la réputation d’être un lieu dangereux et déplaisant, est devenu une référence d’engagement citoyen et d’évolution positive.
Ce projet est fondé sur les principes fondamentaux de l’interculturalité :
• la participation des citoyens à la définition des objectifs, le dialogue avec la ville et la mobilisation des services municipaux en vue de réaliser ces objectifs avec le concours de bénévoles ;
• l’autonomisation des citoyens et la communication interculturelle ;
• l’élaboration d’une action et d’un discours positifs sur la diversité (vidéos, revue hebdomadaire sur le voisinage, participation d’artistes, etc.) ;
• des actions de proximité : réduire la distance psychologique avec « l’autre » par des actions auxquelles participent des personnes de différents milieux.
Le programme comprend un retour d’information et un suivi permanent par les citoyens. Des outils quantitatifs et qualitatifs ont été mis en place pour effectuer une
évaluation probante de l’initiative, qui a été planifiée pour durer trois ans.
Inciter les résidents à participer n’a pas été facile. Le premier groupe de citoyens a
été constitué grâce à l’action de bénévoles qui ont fait du porte-à-porte en demandant aux personnes contactées de participer à la première réunion de consultation. En ce qui concerne la participation et l’impact des résidents non originaires
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La cité interculturelle pas à pas d’Italie, les méthodes alternatives de consultation et de facilitation, notamment les techniques non verbales, sont considérées comme donnant une meilleure chance à ces résidents de participer. Un projet de théâtre a été lancé dans le but d’aider les migrants à exprimer leurs préoccupations devant la communauté.
d. Les services publics et l’administration
Dans l’idéal, le personnel municipal d’une cité interculturelle devrait refléter fidèlement, à tous les degrés de la hiérarchie, la composition ethnique ou culturelle de la population. Plus important encore, la ville devrait reconnaître que la nature même des services publics demande à être revue et éventuellement modifiée au regard des changements démographiques. Plutôt que d’imposer une approche unique, elle doit se montrer ouverte aux nouvelles idées et aux innovations apportées par les groupes minoritaires.
Questions à se poser : La ville prend-elle des mesures pour veiller à ce que les origines ethniques et culturelles de ses agents reflètent celles de l’ensemble des habitants ? La ville a-t-elle revu ou modifié la structure, l’éthique ou la méthodologie de son offre de services publics pour tenir compte de la diversité ethnique et culturelle de ses habitants et de son personnel ? La ville prend-elle des mesures pour encourager le brassage interculturel sur le marché de l’emploi privé ? Quel est le rôle de la police au regard de la diversité culturelle ? Est-elle un facteur d’acceptation positive de la diversité ou contribue-t-elle à renforcer les préjugés ? Son action vise-t-elle à maintenir le calme entre les différentes populations, à faire appliquer les lois sur l’immigration,
à préserver le statu quo ? Dans quelle mesure la police est-elle prête à intervenir davantage en amont et à assumer plus activement un rôle de médiatrice entre les populations ?
Développement interculturel : comment motiver l’administration ?
• organiser des ateliers ou des discussions avec des fonctionnaires dans des groupes hétérogènes dépassant les cloisonnements administratifs et les spécialisations, avec la participation d’innovateurs sur le plan interculturel exerçant des professions diverses, ou provenant de l’enseignement ou de milieux artistiques ;
Eléments d'une stratégie interculturelle
• organiser des ateliers ou d’autres réunions non pas dans les locaux administratifs, mais dans des espaces dédiés à l’art, ou tout autre cadre inhabituel, qui inviteront à une réflexion originale. Encourager l’administration à avoir confiance en ses capacités ;
• encourager les fonctionnaires à participer à des projets de terrain faisant appel à l’interaction avec les citoyens, comme dans le projet « Designing Dublin » ;
• à Copenhague, l’approche retenue a été d’encourager les initiatives en subordonnant le versement d’une prime à l’identification des erreurs commises.
Exemple
A la suite d’une campagne pour une prise en charge des personnes âgées tenant compte de la dimension culturelle, le Service des affaires sociales, du logement et de l’environnement de la mairie de Neukölln coopère avec le département Immigration de Caritas (organisation caritative catholique) dans le domaine des services aux personnes âgées. Le personnel en charge des personnes âgées a été familiarisé aux services « culturellement sensibles » pour les personnes âgées dans le cadre d’initiatives d’information et de sensibilisation. Il importait, notamment, d’inciter les immigrés à rejoindre les bénévoles des comités sociaux. L’un des objectifs est de coopérer de façon constructive avec les associations locales d’immigrés dans tous les domaines des services aux personnes âgées, notamment dans le cadre des comités sociaux et du Comité pour les personnes âgées au niveau local. Un autre volet essentiel du projet est l’ouverture de certains des points de rencontre pour personnes âgées existants à des thèmes intéressant les immigrés âgés, afin d’attirer davantage ce type de public.
La police possède un groupe très expérimenté, le « groupe de travail Etrangers », au sein duquel travaillent également des personnes issues de l’immigration. Ses membres sont en contact avec toutes les associations d’immigrés, ainsi qu’avec les associations qui se sont créées autour de la mosquée du quartier. La confiance mutuelle qui n’a cessé de s’approfondir au fil des années et les connaissances ainsi acquises se sont révélées essentielles. Dans des cas individuels très particuliers
(homicides par exemple), le groupe de travail a contribué à calmer les esprits et a rempli un rôle de médiateur sur tous les fronts.
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La cité interculturelle pas à pas
Pour aller plus loin
La compétence interculturelle dans l’intervention sociale 54
« Mentoring for Diversity programme » (Londres)
55
Conseil de l’Europe, Pour construire une culture institutionnelle inclusive – Compétences
interculturelles dans les services sociaux, Editions du Conseil de l’Europe, Strasbourg,
2011.
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e. Les entreprises et l’économie
Une grande partie de l’économie et du marché du travail ne relève pas des compétences des autorités municipales et échappent donc à leur contrôle. Celles-ci peuvent toutefois exercer une certaine influence dans ces domaines. En effet, en raison des restrictions imposées au niveau national pour l’accès aux emplois du secteur public, il peut être plus aisé, pour les minorités, de passer par le secteur privé pour participer
à l’activité économique. En retour, ces activités (commerces, clubs, restaurants, etc.) peuvent constituer de précieux lieux de rencontre entre les différentes cultures présentes dans la ville.
Pour faire en sorte que les compétences des immigrés soient reconnues et utilisées de façon optimale dans l’économie urbaine comme ressort de l’innovation, de la croissance et de l’esprit d’entreprise, la ville doit encourager les organisations patronales à aller au-delà de la reconnaissance des qualifications officielles et à définir un éventail plus large de critères pour certifier les compétences, à fournir des conseils et des orientations ciblées aux entrepreneurs issus de l’immigration, à offrir des incitations aux jeunes entrepreneurs (prix, pépinières d’entreprises) et à encourager les liens commerciaux avec les pays d’origine.
En 2008, au sommet d’une phase d’expansion économique, le gisement de main-d’œuvre disponible à Copenhague était de 40 000 personnes, dont un tiers était membre d’une minorité. Quatre-vingt-dix pour cent des 1 000 entreprises contactées jugeaient positif
54. http://incoso.wikidot.com/intercultural-competences.
55. www.london.nhs.uk/what-we-do/londons-workforce/leading-for-health/mentoring-for-diversity-
programme.
Eléments d'une stratégie interculturelle d’avoir une offre de main-d’œuvre issue des minorités et environ 30 % considéraient que des employés appartenant à une minorité étaient plus fiables. A l’époque, cependant, la politique danoise en matière d’immigration était très restrictive, le discours extrémiste contre les migrants était vigoureux en Europe, et 70 % des Danois n’avaient pas d’amis membres d’une minorité, signe de l’existence d’un important fossé culturel.
Une organisation appelée The New Danes a alors été créée par des directeurs des ressources humaines issus de minorités et par d’autres professionnels afin de sensibiliser au manque d’égalité des chances sur le marché du travail pour les migrants. Au départ, ils faisaient valoir des arguments moraux, liés à la responsabilité sociale des entreprises. Depuis, leur discours a évolué et souligne les avantages de la diversité, exemples et chiffres à l’appui, pour convaincre les entreprises de s’ouvrir à une maind’œuvre plus diversifiée et d’acquérir des compétences en matière de gestion de la diversité.
Le secret de la réussite de The New Danes a été d’impliquer plusieurs parties prenantes (monde universitaire, municipalité, entreprises) dans un processus global de prise de conscience de l’atout de la diversité. L’approche utilisée, dite Appreciative
Inquiry, ou « démarche appréciative », vise à évaluer le degré de réussite de chaque entreprise en examinant la diversité de la main-d’œuvre, de la clientèle et des groupes d’utilisateurs, ainsi qu’au sein des entreprises partenaires et des fournisseurs. Les initiatives et politiques menées sont également analysées dans l’optique de chercher et de cultiver la diversité et une culture de la diversité. Les critères retenus pour juger des avantages de la diversité sont l’innovation, la gestion de la qualité, le développement des produits et services, les nouveaux marchés, le recrutement et la fidélisation du personnel, la communication et l’image de marque.
La ville de Copenhague a lancé plusieurs initiatives visant à promouvoir l’emploi des migrants (comme le programme « Integration contact », géré par l’agence pour l’emploi) et a créé un Conseil de la diversité pour associer les entreprises aux activités prévues par la ville dans le domaine de la diversité.
La Confédération des entreprises norvégiennes a lancé le programme « Global Future »
à l’intention de professionnels qualifiés issus de minorités à la recherche de postes de cadre supérieur et de direction. La participation à 19 séminaires d’une journée, répartis sur un an et demi, et à un programme de tutorat leur permet de développer leurs
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La cité interculturelle pas à pas compétences de direction et de gestion, d’acquérir une compréhension interculturelle et de se constituer un réseau de contacts 56 .
Questions à se poser : Existe-t-il une organisation représentative des entreprises dont les objectifs comprennent la promotion de la diversité et de la non-discrimination dans l’emploi ? La ville possède-t-elle une charte ou tout autre document contraignant visant à combattre la discrimination sur le lieu de travail et/ou a-t-elle fixé des objectifs en matière de diversité des effectifs aux entreprises qui travaillent avec la ville ? La ville agit-elle pour encourager le brassage interculturel sur le marché de l’emploi privé ?
La ville prend-elle des mesures pour encourager les entreprises créées par des personnes issues de minorités ethniques ou culturelles à aller au-delà du marché local ou ethnique, c’est-à-dire intégrer l’économie générale ? La ville a-t-elle pris des mesures pour encourager la création de « quartiers d’affaires », qui favoriseraient le mélange des cultures ? Lors de la passation de marchés pour des biens et services qui lui sont destinés, le conseil municipal donne-t-il la priorité aux entreprises ayant adopté une stratégie en faveur de la diversité ?
A Botkyrka (Suède), des entreprises du bâtiment (publiques et privées) fournissent des locaux destinés à accueillir de petites structures éducatives qui apportent une aide aux enfants ayant des difficultés d’apprentissage. Une entreprise a également fourni gratuitement un appartement qui sert de résidence d’artistes pour la réalisation de projets artistiques et associatifs.
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Pour aller plus loin
Global Diversity and Inclusion: Fostering Innovation Through a Diverse Workforce, Forbes insights
57
Exemples
Des entreprises de Neuchâtel ont lancé, en coopération avec les services sociaux, le projet Speranza 2000, consacré au recrutement et à la formation de jeunes marginaux. Après une formation de 12 semaines, les jeunes se voient proposer un
56. www.nho.no/globalfuture.
57. http://www.forbesmedia.com/files/Innovation_Through_Diversity.pdf.
Eléments d'une stratégie interculturelle contrat à durée indéterminée. Un an après le lancement du projet, tous les participants, soit 48 personnes, dont seulement 30 % de ressortissants suisses, occupaient toujours leur emploi.
A Tilburg, les nouveaux entrepreneurs issus de l’immigration sont mis en relation avec des entrepreneurs danois expérimentés et qualifiés. Une équipe de promotion spécialisée se charge de rechercher des stages pour les stagiaires d’origine immigrée. Ses membres contactent de nombreux employeurs jusqu’à trouver le bon stage pour les élèves du Centre régional de formation professionnelle et de formation des adultes. C’est un investissement rentable sur le long terme. Dans le cadre d’un autre programme, des immigrés ayant réussi partent à la rencontre des employeurs pour les convaincre qu’il n’y a pas de risque à embaucher des travailleurs migrants.
L’association « Economie et travail à Neukölln » organise régulièrement des salons d’affaires sur différents thèmes en coopération avec le Service du développement économique du conseil municipal. Ces salons d’affaires se tiennent traditionnellement dans l’esprit des anciennes soirées berlinoises. Conçus comme une manifestation festive, ils réunissent quelque 120 invités autour d’une thématique chaque fois différente. Les invités sont des hommes et femmes d’affaires de Neukölln et des personnalités ayant rendu de grands services dans le domaine choisi comme thème pour la soirée. L’intérêt des sujets abordés dans le cadre du salon, les spectacles et le dîner officiel constituent une combinaison unique, qui crée une ambiance propice aux échanges. Cela permet aux invités de faire connaissance et les encourage à « voir plus loin que le bout de leur nez ». L’interculturalisme est par ailleurs parti culièrement présent dans le secteur économique ; les hommes d’affaires turcs constituent ainsi un important facteur économique.
f. Le sport et l’art
Le temps consacré aux loisirs est peut-être la meilleure occasion de rencontrer des personnes de culture différente dans un cadre neutre et festif. A contrario cependant, des loisirs structurés selon des critères ethniques (équipes de football monoculturelles, par exemple) peuvent fortement renforcer les clivages. La ville peut influencer ce domaine directement, par ses propres activités, et, indirectement, à travers la manière
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La cité interculturelle pas à pas dont elle attribue ses financements à d’autres organisations. Pour que les manifestations ou activités culturelles soient des vecteurs de communication interculturelle et d’interaction, elles doivent être conçues en ayant à l’esprit la diversité du public ; il faut encourager les personnes à se rencontrer et à découvrir d’autres cultures, présenter les cultures comme un phénomène vivant, changeant, qui naît de l’interaction avec d’autres cultures, et stimuler l’hybridation des expressions culturelles.
Questions à se poser : Les groupes culturels et récréatifs de la ville sont-ils plutôt monoethniques ou pluriethniques ? Les organisations professionnelles sportives et artistiques de la ville encouragent-elles explicitement le brassage ethnique ? Y a-t-il des mécanismes de financement et de formation destinés à soutenir les talents au sein des minorités ?
Eléments d’une politique urbaine interculturelle en faveur de l’art :
• inviter des artistes contemporains de haut niveau des pays d’origine des principales communautés d’immigrés – cela les rend fiers de leur culture et leur permet de rester en phase avec l’évolution culturelle de leur pays d’origine, évitant ainsi le syndrome classique du conservatisme chez les immigrés ;
• encourager des institutions culturelles classiques (opéra, théâtre, maison de la dance, musée, orchestre, etc.) à programmer des artistes locaux issus de l’immigration – programmation internationale et programmation interculturelle sont deux choses bien différentes. Le fait d’ouvrir ces institutions à des formes d’art contemporain (vidéo, hip-hop, graffiti, etc.) favorise la participation d’artistes et de publics plus divers (sur les plans ethnique et générationnel) ;
• encourager des programmes artistiques permettant la collaboration interculturelle d’artistes et mettre en avant le produit de cette collaboration ;
• allouer des moyens significatifs à la participation d’artistes amateurs des quartiers
(carnavals, clubs artistiques, concours de graffiti, projets vidéo et photo, etc.) ;
• parrainer le travail d’artistes sur des thèmes interculturels (par exemple sur la ségrégation dans l’espace public et dans les esprits), employer des artistes comme médiateurs culturels dans le cadre de projets de renforcement des collectivités ;
• faire en sorte que des manifestations culturelles se tiennent non pas dans de grandes institutions, en centre-ville ou dans des salles prestigieuses, mais en plein air, dans des quartiers pauvres ou marginalisés ;
Eléments d'une stratégie interculturelle
• encourager (également par le biais des critères de financement) la participation active de personnes d’autres communautés aux célébrations et manifestations culturelles « nationales » (par exemple le Nouvel An chinois), comme spectateurs mais aussi comme participants.
Exemples
A Tilburg, un groupe de femmes originaires des Antilles a demandé l’aide des pouvoirs locaux pour organiser un défilé de carnaval. Tilburg avait déjà des clubs traditionnels ; l’adjoint au maire a promis son soutien à condition que les deux groupes coopèrent pour préparer un défilé commun. A partir de ce moment, un lien fort s’est créé entre les deux cultures concernées. La « T-Parade » s’enorgueillit aujourd’hui d’accueillir près de 60 000 visiteurs, et de la participation de 37 groupes et chars et de 1 200 personnes originaires du Japon, des Pays-Bas, du Maroc, d’Indonésie, d’Angleterre, du Brésil, du Venezuela, du Surinam, des Antilles, de Turquie et de Chine.
Le projet « Jeunesse et sport Neukölln » est mis en œuvre dans le cadre des activités culturelles destinées à la jeunesse. Il consiste à organiser des tournois de streetball, en coopération avec l’association « Culture of Helping », la communauté turque de Berlin et la communauté indépendante germano-arabe, avec le soutien du conseil municipal de Berlin-Neukölln. Le travail social auprès des jeunes par le biais du sport vise à accompagner les enfants, les adolescents et les jeunes adultes dans le développement d’une personnalité autonome et socialement responsable,
à les aider dans leur développement personnel et social, à les inciter à s’organiser et à développer une activité autonome, à les appuyer dans le développement de leur capacité à prendre des décisions et des responsabilités, à leur montrer des méthodes non violentes de règlement des conflits, à leur transmettre des compétences sociales, et également à leur faire découvrir des possibilités de participation.
Les services offerts sont des interventions de proximité, axées sur la demande. Les animateurs travaillent sur la prévention de la violence et soutiennent l’intégration et la participation sociales, en appliquant une approche différenciée selon les sexes et diverses méthodes.
« Satellitstaden » est un projet artistique mis en œuvre dans le quartier de logements sociaux de Fittja (commune de Botkyrka), à 30 kilomètres au sud
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La cité interculturelle pas à pas de Stockholm. L’idée est de réaliser une installation artistique avec les antennes paraboliques du lotissement. Egalement orienté vers la recherche, ce projet vise
à étudier, sur une année entière, l’importance des médias par satellite dans la vie des immigrés et à poser la problématique de l’intégration culturelle. Il consiste essentiellement à colorer des antennes paraboliques avec la participation active des habitants du quartier. Isabel Löfgren, artiste suédoise et brésilienne, pilote le projet avec la collaboration de l’artiste suédois Erik Krikortz, en partenariat avec plusieurs associations locales, notamment la résidence d’artistes Botkyrka, située dans le secteur. Pour l’installation sur site, les habitants sont invités à choisir la couleur de leur parabole parmi neuf teintes fluorescentes. En fait, les paraboles ne sont pas peintes, mais recouvertes d’un tissu de couleur imperméable. L’installation est gratuite et, en contrepartie, les participants acceptent d’accorder un court entretien et de recommander le projet à un proche, à un ami ou à un voisin. Ils peuvent choisir l’extrait qui sera rendu public et matérialisé par un point de couleur sur le plan interactif du quartier. Pris collectivement, ces courts enregistrements donneront une image auditive des opinions des habitants du quartier sur divers sujets, notamment sur l’importance des médias par satellite dans leur vie, leur souhait de conserver leur antenne parabolique sur leur balcon, ce qu’ils pensent de la vie à Fittja et les raisons qui ont motivé le choix de telle ou telle couleur. L’installation aura aussi une dimension « performance ». En effet, lors de visites scénarisées du quartier, des jeunes liront, à voix haute, l’ensemble de ces messages
58
.
585960
Pour aller plus loin
Bonniel-Chalier, Pascale, L’interculturalité dans les politiques culturelles des villes
européennes
59
Zapata-Barrero, Ricard, Cultural policies in contexts of diversity: the city as a setting for
innovation and opportunities
60
58. http://www.satellitstaden.org.
59. http://www.coe.int/t/dg4/cultureheritage/culture/Cities/CULTURAL.policy_fr.pdf.
60. http://www.eui.eu/Projects/ACCEPT/Documents/News/Culturalpoliciesorg[1].pdf.
Eléments d'une stratégie interculturelle
g. La sécurité urbaine
1. Mettre l’accent sur les priorités communes en matière de sécurité. Elaborer des stratégies de sécurité combinant « le meilleur de trois mondes », à savoir : le travail de police axé sur le règlement des problèmes, le travail de police basé sur le renseignement et la police de proximité. Ce nouveau modèle est à présent enseigné à l’Ecole de police des Pays-Bas. Il est d’abord fait état des tendances de la criminalité sur la base des rapports et données sur les activités policières publiés annuellement, en appliquant la méthode standardisée SARA (Scanning,
Analysis, Response and Assessment). Les problèmes prioritaires sont ensuite définis selon la règle des 80/20, qui exprime le fait que 80 % des problèmes sont dus à 20 % des causes. Les problèmes sont analysés en termes de concentration (hot spots), de fréquence (hot crimes), d’auteurs (hot shots) et de cibles (hot
victims). Le plan de projet repose sur un modèle où les forces d’intervention se fondent sur le renseignement, les partenariats et la gestion, dans lequel le maire joue un rôle essentiel en accordant un degré de priorité élevé aux capacités policières et en mobilisant les institutions partenaires. Adopter le modèle SARA de La Haye, c’est mettre en œuvre une procédure normalisée de définition des priorités et des interventions avec la police, les partenaires sociaux et des citoyens d’origines diverses (voir plus loin l’exemple de La Haye).
2. Rechercher des alternatives créatives de sécurité dans l’espace public. Mettre en lumière les améliorations visibles dans les quartiers connus pour être des « points chauds » (la Mouraria à Lisbonne, le quartier de la gare à Reggio d’Emilie, etc.) ; placer les ateliers consacrés à la sécurité au cœur de la stratégie interculturelle.
3. Promouvoir l’établissement de rapports de confiance dans la dynamique de chan-
gement des cultures policières. Veiller à ce que la communication interculturelle devienne partie intégrante de la formation des policiers, de même que les nouvelles formules de police de proximité par le biais des médias sociaux (par exemple « Net Cops » en Finlande, « Flic de quartier » à Genève).
4. Etablir des relations structurelles et visibles entre sécurité et prise en charge. Elaborer une réponse interculturelle à la violence des jeunes et aux bandes criminelles ; conjuguer des modèles ayant fait leurs preuves, comme l’approche des émeutes mise en place à Botkyrka, le programme « Cessez-le-feu » de Lewisham, destiné
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