5. Le cadre normatif de la cité interculturelle. Conseil de l’Europe la cité interculturelle pas à pas
30
La cité interculturelle pas à pas plus créatives et innovantes. De son point de vue, la tolérance est ainsi, en définitive, un moteur de prospérité, de créativité et d’innovation pour les villes. En psychologie,
Homan conclut que les effets négatifs de la diversité au niveau de la performance des
équipes de travail peuvent être surmontés si l’on arrive à convaincre les membres de l’équipe de la valeur de la diversité.
D’une manière générale, il semblerait que lorsqu’elle s’inscrit dans un cadre institutionnel efficace, la diversité peut en effet constituer un atout précieux pour la société.
En particulier, des institutions démocratiques et un environnement tolérant qui permettent l’expression des différences et leur libre interaction apparaissent comme des conditions préalables nécessaires si l’on veut profiter des avantages de la diversité.
Une vaste littérature, principalement dans le domaine des sciences politiques, suggère que cela pourrait ne pas être suffisant et met également en lumière les limites de la démocratie représentative pour rendre compte de la multiplicité et de la complexité des intérêts, vues et identités dans nos sociétés plurielles. Cela a entraîné la montée au premier plan du concept de gouvernance, notion large qui englobe et dépasse celle de gouvernement et permet la participation d’une pluralité d’acteurs, y compris les organisations non officielles (à but lucratif ou non lucratif) aux côtés des organes gouvernementaux, aux processus d’élaboration (puis de gestion) des politiques et activités publiques. Des processus démocratiques plus ouverts et participatifs sont donc appelés à se mettre en place pour permettre à d’autres acteurs (organisations de la société civile, ONG, mouvements associatifs) représentant des intérêts légitimes spécifiques de faire entendre leur voix.
Pour accomplir cette tâche, la ville apparaît, là encore, comme le niveau le plus approprié, où de nouvelles formes de processus participatifs ouverts à tous peuvent être imaginées et mises en œuvre.
c. Quelles politiques mener en matière de diversité ?
Sen affirme que l’accent mis sur la religion, en minimisant l’importance des valeurs et des affiliations non religieuses, a renforcé la position de l’institution religieuse et accentué le sentiment de distanciation entre communautés. Les recherches empiriques au niveau national montrent également d’importants exemples de ces effets négatifs.
Le concept de cité interculturelle
La recherche révèle que lorsque les festivals ou autres manifestations visant à promouvoir le dialogue interculturel s’inscrivent dans une approche en termes ethniques (par exemple organiser un festival pour une minorité spécifique), on observe une tendance
à la baisse de la participation de la population locale et, en conséquence, un niveau moindre de relations interculturelles dans le quartier. Il en est ainsi car les festivals à forte connotation ethnique tendent à faire percevoir les communautés auxquelles ils sont dédiés comme « l’autrui-culturel ». Cela a pour effet de renforcer en fin de compte les barrières et les distinctions culturelles, au lieu de les affaiblir. Pour toutes les raisons exposées ci-dessus, il est donc important que les politiques et pratiques en matière de diversité reconnaissent la nature multidimensionnelle de la diversité et utilisent des perspectives « a-ethniques » de façon à surmonter et dépasser les clivages ethniques.
Lors de l’élaboration des politiques et pratiques, il faudrait chercher à encourager les rencontres informelles et à aider les groupes locaux à s’organiser autour d’axes de différenciation autres que la dimension ethnique. Les rencontres ne doivent pas nécessairement être structurées et peuvent se dérouler dans des cadres divers (églises, activités sportives, écoles, cafés, rues et toutes sortes d’endroits en milieu urbain).
Une importante littérature a souligné à quel point les relations de pouvoir structurent et influencent les résultats obtenus en matière de diversité. Bourdieu est une référence classique en l’espèce. Selon Bourdieu, la classe dominante non seulement possède un capital économique, mais encore un capital social et symbolique dont elle se sert pour définir les normes sociales qu’elle impose aux autres secteurs de la société, qui sont jugés à l’aune de ces normes. Par le biais de ce mécanisme, les attitudes (culturelles), les valeurs et les comportements reflètent et en définitive sous-tendent la perpétuation des hiérarchies socio-économiques. Les politiques et initiatives en matière de diversité doivent donc prendre en considération et aborder les ressorts actuels ou potentiels de l’inégalité (par exemple les difficultés tenant au milieu socio-économique).
d. Gérer la diversité : l’approche des cités interculturelles
Janssens et Zanoni fournissent une utile catégorisation des modèles traditionnels en quatre catégories – le modèle de la ségrégation, le modèle de l’assimilation, le modèle de la marginalisation et le modèle multiculturel – et analysent les insuffisances de chacun. La priorité devrait être de favoriser les rencontres (formelles et informelles) et de mobiliser les citoyens sur des questions d’intérêt commun qui transcendent les clivages
31

Lien public mis à jour
Le lien public vers votre chat a été mis à jour.