Les tableaux logiques simplifiés 2 : Des outils pour programmer, suivre, évaluer et présenter ses projets
Attention,
Danger
L’écriture automatique peut nuire gravement à la santé des projets !
Les « modèles » de tableaux qui figurent ci-dessus peuvent être la meilleure et la pire des choses :
La Pire ? Ils facilitent le travail d’un bureaucrate solitaire et sans grande imagination qui « produit du projet » depuis son bureau de façon toute mécanique pour faire vivre l’Ong ou l’administration qui l’emploie.
La meilleure ? Ce sont des outils qui peuvent être « bidouillés » par des praticiens pour formaliser et mettre en ordre les idées et les conclusions issues d’un réel travail de terrain et de concertation entre acteurs. Ils facilitent la traduction de ces travaux dans des documents de projets fidèles et cohérents.
2.3 La préparation des évaluations
En simplifiant
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les évaluations se préparent en cinq temps :
1. Les commanditaires de l’évaluation se concertent entre eux et avec les autres parties prenantes du projet pour s’accorder sur les principales questions évaluatives qu’ils souhaitent poser.
2. Ils formulent ces questions et précisent les conditions dans lesquelles doit se dérouler l’évaluation dans un document, « termes de références ».
3. Ils adressent ces termes de références à des évaluateurs potentiels qui en retour leur proposent une méthodologie.
4. Les commanditaires choisissent l’évaluateur dont les propositions semblent les meilleures ou les plus avantageuses.
5. Commanditaires et évaluateur choisis s’accordent à partir des propositions de ce dernier.
Le tableau logique d’un projet devrait systématiquement figurer dans les termes de références de son évaluation
Les remarques déjà faites ci-dessus s’appliquent :
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Le commanditaire et l’évaluateur ont besoin, à ce stade, de disposer et de partager une description synthétique et objective du projet à évaluer. Le tableau logique est l’élément principal de cette description (il ne correspond pas à lui seul à cette description) ;
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Cette description est souvent indispensable à la préparation collective d’une évaluation, qui nécessite que toutes les personnes associées à cette préparation disposent de la même information de base sur le projet ;
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Cf. sur ce sujet, le document « Evaluer : apprécier la qualité pour faciliter la décision » déjà cité et toujours disponible sur le site du Gret : http://www.gret.org, notamment les chapitres consacrés à la préparation des termes de références et à la note méthodologique.
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Les tableaux logiques simplifiés 2 : Des outils pour programmer, suivre, évaluer et présenter ses projets
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Le commanditaire et l’évaluateur doivent l’un et l’autre disposer d’une vision claire de la logique initiale du projet. La formulation initiale des objectifs visés, des résultats attendus, de la nature des activités prévues ? est indispensable, au premier pour formuler ses questions évaluatives, au second pour concevoir la façon d’y répondre. L’un et l’autre vont se référer aux critères généraux de l’évaluation de projet (cf. page 31 et suivante), dont l’usage implique une logique d’intervention explicite.
Le tableau logique devrait donc toujours figurer dans la présentation du projet qui constitue obligatoirement une des parties des termes de références.
Quand le tableau logique n’existe pas !
Il est difficile d’identifier et de formuler les bonnes questions évaluatives, et plus globalement de débattre et de rédiger les termes de référence d’une évaluation sans pouvoir se référer à la logique d’intervention du projet à évaluer. L’évaluateur éprouvera des difficultés à proposer une note méthodologique cohérente, puis à dialoguer avec les parties prenantes du projet si cette logique n’est pas claire.
Or, les éléments qui permettent de la reconstituer facilement (sous forme de tableau logique ou pas) ne sont pas toujours disponibles au moment où se prépare une évaluation.
Cette situation peut s’expliquer par de multiples raisons. Il arrive :
– Que les documents projets initiaux disparaissent ou qu’ils soient particulièrement lamentables
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.
– Que les négociations avec les partenaires financiers aboutissent à des budgets incohérents avec le document projet présenté et que celui-ci n’ait pas été actualisé.
– Que des évènements imprévus amènent à une reformulation radicale, mais restée implicite des premières ambitions et premières prévisions du projet.
– Que les parties prenantes aient, les unes et les autres, des visions très différentes de cette logique projet.
Mieux vaut alors reconstituer un tableau logique a posteriori, lors de la préparation des termes de références. Cette tâche incombe donc au commanditaire de l’évaluation, qui peut se faire aider par une personne non impliquée dans le projet qui maîtrise cet exercice (cette reconstitution avec l’équipe projet peut aussi être une des premières étapes d’une auto-évaluation assistée
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).
Certains commanditaires confient cependant la reconstitution de la logique d’intervention de leur projet à leurs évaluateurs
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. Cette reconstitution doit évidemment intervenir en début d’évaluation. Il est alors impératif que cet arbre logique reconstitué soit discuté avec le commanditaire, ou mieux avec un comité de pilotage qui regroupe les différentes parties prenantes du projet, et qu’il soit validé à l’issue de ces discussions.
Dans tous les cas le tableau logique reconstitué lors de la préparation d’une évaluation doit
être approuvé par les différentes parties prenantes de l’évaluation et du projet. Si elles ne s’accordent pas au départ sur la reformulation des objectifs visés et des résultats attendus par le projet, il y a peu de chance qu’elles s’accordent ultérieurement sur les conclusions de l’évaluation.
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C’est rare, mais de mémoire d’évaluateur, ça arrive.
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Cf. document cité.
Y compris les partisans de la plus grande distance possible entre l’évaluateur et l’objet évalué.
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