Un exemple, le projet Paopab. Gret simplifiés
Les tableaux logiques simplifiés 2 : Des outils pour programmer, suivre, évaluer et présenter ses projets
Le dernier étage, celui des objectifs opérationnels et de la programmation des actions
Le dernier étage des tableaux logiques des projets processus est en général constitué d’une série de tableaux identiques à ceux des projets classiques. Ils sont conçus au fur et à mesure, pour une étape donnée et éventuellement pour un volet donné. Ils valent pour des périodes plus courtes et pour des objectifs « généraux » bien sériés. Ils correspondent donc à des contextes moins aléatoires, et traduisent des interventions définies avec plus de précision pour lesquelles les moyens mobilisables sont alors plus aisément prévisibles.
Ils peuvent et doivent alors proposer des objectifs et des résultats plus précis, et si possible quantifiés. Ils peuvent effectivement identifier des ensembles d’activités cohérents, nécessaires pour atteindre ces objectifs et ces résultats.
Ces « derniers étages » permettent de faire le lien entre les objectifs généraux et à « moyen terme » du premier étage et les outils opérationnels d’organisation, de programmation et de suivi-évaluation des activités (cf. ci-dessous) nécessaires à la conduite des activités. Ce lien est indispensable pour assurer la cohérence de l’ensemble.
Ces derniers étages doivent être élaborés avec les équipes chargées de les mettre en œuvre et leurs partenaires immédiats. Ils servent de référence pour planifier, programmer et auto-
évaluer périodiquement leur activité, selon leur propre rythme, mensuel, trimestriel ou bisannuel (cf. page 25).
Parfois des étages intermédiaires, par phase ou par volet
Il est parfois nécessaire, sur des projets processus complexes, de concevoir des « étages intermédiaires », pour une phase et pour un volet du projet processus. Il traduit le « premier » étage en une série d’objectifs plus précis et mieux définis. Mais il n’est pas encore forcément question de le quantifier, ni de définir les ensembles d’activités qui vont permettre de les atteindre.
Cet étage intermédiaire va être conçu ou actualisé à un rythme lui aussi intermédiaire, par exemple une fois par an. Il sert à préparer la reformulation du premier étage comme à construire à échéance régulière des nouveaux « derniers » étages lors de réunions de bilan et de planification qui réunissent les principaux responsables opérationnels du projet.
1.3 Un exemple, le projet Paopab
« Le Projet d’appui aux organisations professionnelles agricoles du Bordurland », le Paopab donc, qui sert d’illustration à ce chapitre, est extrapolé d’un projet réel. Ce dernier a été maquillé pour ne fâcher personne, son nom modifié pour éviter tout copyright, et sa présentation est simplifiée pour les besoins de la cause.
Le Bordurland est un petit état archipel, éloigné des marchés continentaux et à l’écart des grandes routes maritimes. Comme dans la plupart des petits pays insulaires, son économie est dominée par quelques grandes familles de commerçants peu intéressées par le développement des productions locales, en dehors de quelques filières de rente qu’elles contrôlent presque totalement.
Les autres productions agricoles ont bénéficié d’une succession de projets de type « recherchedéveloppement » qui ont permis de construire des référentiels techniques globalement appropriés aux conditions locales. Mais l’impact de ces projets en terme de développement a été jugé décevant. Une nouvelle génération de projets a donc vu le jour, fondés sur des approches filières et des stratégies d’appui aux organisations professionnelles agricoles. Un projet
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concerne les filières de rentes, un autre, le Paopab, les filières destinées aux marchés intérieurs et aux marchés « extérieurs de proximité ».
Au démarrage du Paopab
Au démarrage du Paopab, ses interlocuteurs sont des organisations paysannes récentes, encore peu fonctionnelles, qui interviennent sur peu de produits. Elles sont organisées, par produits ou par groupes de produits au niveau de chacune des îles de l’archipel. Elles se sont fédérées au sein d’un syndicat national, le Snab, qui vient d’être créé. Mais toutes les OP n’y adhèrent pas encore.
•
En dehors de la filière oignon, les potentialités de développement des autres filières produit sont encore mal connues ;
•
Le cadre institutionnel (l’organisation des services de l’État et de la concertation État / collectivités / sociétés civiles) est en pleine transformation ;
•
Le projet fait le choix de poursuivre à la fois des objectifs économiques et des objectifs institutionnels.
Le premier étage de son tableau logique initial est le suivant :
Objectif final
Tableau 1 : Le premier étage du tableau logique du projet Paopab
Axes stratégiques principaux
Axes d’intervention
11 Intervenir directement sur les filières les plus « structurantes » et les plus immédiatement « réactives » : dans un premier temps la filière « oignon » et la filière « banane »
Favoriser l’évolution des revenus agricoles par le développement d’une agriculture plus intensive, tournée vers le marché intérieur
1 Favoriser le développement économique de filières produits
12 Collaborer et renforcer les interventions en cours sur d’autres filières (apporter un appui à l’ONG qui travaille avec les producteurs de lait et à la récente OP avicole)
2 Accompagner la structuration d’organisations filières
3 Accompagner la structuration du
Syndicat National des Agriculteurs
Bordures et la mise en place d’outils communs
13 Etudier les possibilités d’intervention sur les filières marginales, ou plus difficiles à organiser
21 Poursuivre l’appui à la structuration d’organisations agricoles « filières » déjà organisées
22 Aider des nouvelles organisations filières à s’organiser
23 Etre disponible et « outillé » pour travailler au cas par cas avec des organisations déjà constituées
31 Accompagner la structuration et l’évolution du Snab
32 Créer ou consolider des outils économiques communs à plusieurs filières
33 Favoriser l’organisation de la concertation entre les organisations professionnelles et leurs partenaires
34 Favoriser en particulier la concertation entre les OPA et l’État et l’évolution du cadre institutionnel de cette concertation
35 Développer les ressources humaines nécessaires au développement des OP
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Le volet « appui à la filière banane »
Dès le début du Paopab, la filière banane a été identifiée comme une filière susceptible de progresser assez vite, où il fallait commencer par travailler sur la commercialisation et fédérer les producteurs les plus spécialisés pour travailler ensuite, avec eux sur la production.
Une première phase « filière banane » (cf. 11 ci-dessus) a duré environ une année. Elle a abouti à la constitution d’une organisation de producteurs animée par un bureau d’une dizaine de personnes dynamiques, relayées par des responsables villageois inégalement motivés, et plus ou moins efficaces. Cette OP a réalisé, avec l’appui très rapproché du Paopab, six opérations de collectes et de ventes groupées de bananes et d’autres produits vivriers.
L’intérêt et la faisabilité de ces opérations ainsi démontrés, l’OP doit désormais gagner en autonomie et devenir capable d’assurer seule, et plus régulièrement, des opérations « réussies ». Le bilan des premières opérations montre que cela implique d’améliorer le système d’achat mis en place et surtout de diminuer les impondérables et les coûts du transport inter îles.
Dans l’immédiat, la priorité est d’asseoir la crédibilité de l’OP par ses opérations de ventes groupées. Mais, à moyen terme, son avenir dépend de sa capacité à réagir aux aléas d’un marché étroit, instable et sensible aux prix des produits importés (ces derniers dépendent, entre autres, de décisions politiques). Il faut également commencer à se préoccuper d’améliorer les systèmes de production pour pouvoir préserver ou améliorer les parts de marché de la filière, sans jouer à diminuer le revenu des producteurs ou exclure les moins « favorisés ».
Le tableau logique intermédiaire qui permet de formaliser de façon simple les objectifs de la phase 2 du volet « filière banane » du Paopab peut être le suivant :
Tableau 2 : Étage intermédiaire de la phase 2 du volet « filière banane »
Objectif global
Augmenter durablement le revenu des producteurs, d'abord en augmentant les volumes commercialisés, ensuite en favorisant l'évolution des façons de produire
Objectifs spécifiques
L’OP réussit des opérations régulières de collecte, de transport et de ventes groupées
L’OP commence à préparer l’avenir de la filière
Objectifs intermédiaires : permettre à, l’OP de…
Maîtriser la programmation et l'organisation globale des opérations
Améliorer la fonction « achat »
Sécuriser et mieux maîtriser les coûts du transport inter îles
Améliorer sa cohésion et ses capacités « stratégiques »
Mieux connaître son marché et son environnement institutionnel
Commencer à s'interroger sur la façon de faire évoluer les techniques de production de façon cohérente avec les contraintes de la mise en marché
Cette formulation très simple permet de construire l’étage opérationnel du tableau logique de la première année de cette « Phase 2 banane ». Elle doit être supervisée par un « volontaire » de l’équipe projet, qui intervient en appui à l’OP Banane, elle-même dotée d’un technicien financé par le Paopab.
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