Scenarios, stratégies et planification adaptative. UICN Approche et Actions pour la Résilience au Changement Climatique
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APPROCHE ET ACTIONS POUR LA RÉSILIENCE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
savoir faire écologique traditionnel qui risque, malheureusement, de disparaître
à cause d’une certaine acculturation négative.
Scenarios, stratégies et planification adaptative
L’élaboration de scénarios a été réalisée, après évaluation de la vulnérabilité, dans deux ateliers : le premier avec la participation des parties prenantes du bassin versant et des responsables régionaux, le second en présence de membres représentant trois communautés locales (Tazia, Lahyout et Hmamiouech). Le but de ces ateliers participatifs était d'identifier les facteurs pouvant influencer la réalisation de la vision, de les classer en fonction de leur importance et incertitude, et d'élaborer des stratégies.
Pour atteindre "la gestion durable des ressources naturelles" au niveau du bassin versant, les facteurs à prendre en considération sont:
• la capacité d'adaptation
• la sensibilisation et la participation des communautés locales
• l’infrastructure
• l'application des lois environnementales et des politiques
• la pauvreté et la vulnérabilité sociale
• la disponibilité des moyens financiers
• la transparence dans les processus de prise de décision et de gestion
• la gouvernance
• la coordination multipartite
• le changement climatique
• l’accès à l'information
• la responsabilisation
Parmi ces facteurs, les plus importants et moins certains sont « l’application des lois et des politiques » et « la disponibilité des moyens financiers ». Quatre scénarios sont ensuite déduits en combinant les situations extrêmes de présence ou absence de ces facteurs dans l'avenir.
Après examen des résultats des quatre
combinaisons, le scénario correspondant
à « l'application des politiques et des lois et la disponibilité des ressources financières sont assurées » a été choisi comme le scénario le plus probable. Ce scénario a conduit au choix des stratégies suivantes pour le bassin :
− renforcement des capacités d'adaptation
− développement des infrastructures
− conservation des forêts et protection des sols
− diversification des sources de revenus
− promotion de l’économie verte
Au niveau communautaire, la vision partagée était d’assurer « l'accès à l'eau potable ». Comme pour le bassin, les facteurs les plus importants mais très incertains sont « la responsabilisation des services publics » et « la disponibilité de ressources financières ». Les stratégies issues du scénario le plus probable correspondant à la combinaison positive de la responsabilisation et de la disponibilité de financement dans l'avenir sont :
− développement de l'infrastructure routière
− adduction de l'eau potable
− diversification de la production agricole
− amélioration des services publics
− développement des sources de revenus
La combinaison des différentes propositions élaborées par les deux ateliers permet de définir quatre axes stratégiques.
Classés selon une priorisation basée sur des critères socio-économiques, environnementaux et techniques
14
, ces axes sont ordonnés ainsi :
1. Conservation des forêts et protection des sols
Le défi majeur de la résilience des socio-
écosystèmes des montagnes du Nord du
Maroc réside dans la durabilité du système forestier. Cela signifie d’une part, la
14 IUCN-ROWA, 2014. A guiding toolkit for increasing climate change resilience. 66p.
https://cmsdata.iucn.org/downloads/iucn_report__3_.pdf
Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN
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APPROCHE ET ACTIONS POUR LA RÉSILIENCE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
conservation et gestion durable des forêts et, d’autre part, la restauration ou réhabilitation des terrains dégradés. Dans ce sens, les stratégies adaptatives englobent diverses actions, en particulier l’épuration du foncier, la diminution de la pression sur la forêt et la gestion participative (ressources, risques, aires protégées).
Quant à la conservation des sols agricoles, le savoir traditionnel est riche en pratiques de lutte contre l’érosion hydrique. Ce savoir est malheureusement menacé, raison pour laquelle il faut le valoriser et l’accompagner par d’autres actions telles que l’extension des aménagements hydrauliques et la promotion de pratiques culturelles adéquates.
Néanmoins, l’enjeu capital pour la résilience au changement climatique réside dans le renforcement des capacités des communautés locales et des collectivités territoriales pour la gouvernance des
écosystèmes et de la biodiversité.
2. Renforcement des capacités d'adaptation
Cette stratégie est déterminante pour renforcer la composante « autoorganisation » de la résilience. Elle comprend la gouvernance et l’ensemble des processus de planification et de prise de décision. Dans ces processus, la facilitation joue un rôle important pour favoriser la concertation et le dialogue entre les parties prenantes. Pour aboutir à une planification territoriale participative, la stratégie de renforcement des capacités adaptatives doit privilégier l’organisation des communautés locales et l’implication des femmes et les catégories sociales les plus vulnérables.
La mobilisation des populations locales ne peut être durable que par la diversité des activités économiques et l’amélioration des revenus.
3. Diversification des sources de revenus et promotion de l’économie verte
L’amélioration des sources de revenus dans le milieu rural ne peut être assurée que par l’augmentation de la productivité des agro-systèmes. Dans le cas des zones montagneuses, la promotion des produits
à forte valeur ajoutée constitue un levier important de l’économie verte. La durabilité de telle économie dépend de la valorisation des produits de terroir, de la conservation des ressources génétiques locales et de la réintroduction des pratiques traditionnelles abandonnées. Le succès de cette stratégie est tributaire de la mise en place de procédés de transformation et de valorisation des produits agro-forestiers et artisanaux. La stratégie doit intégrer aussi la structuration des filières des différents domaines d’activités afin d’organiser les marchés et assurer la transparence et l’équité. La labellisation des produits des filières et leur
éventuelle certification sont également importantes pour faciliter l’accès au marché et la fidélisation de la clientèle.
L’ensemble des composantes de cette stratégie dépend étroitement de la mise en place d’une infrastructure durable et adéquate.
4. Développement des infrastructures et services publics
Cette stratégie nécessite d’abord le désenclavement et la mise en place d’un réseau routier et des moyens de transport pour assurer la mobilité et les échanges.
L’implantation et la mise à niveau des services sociaux, en particulier éducatifs et de santé, sont aussi primordiales pour le développement humain. La généralisation du réseau de l’eau potable est aussi vitale
à la fois pour le développement
économiques et l’amélioration des conditions de vie. D’autres infrastructures hydrauliques sont également à développer pour diversifier les moyens de mobilisation des ressources hydriques disponibles.
La durabilité de ces infrastructures ne peut
être garantie que par un aménagement territorial intégré qui prend en considération la préservation des ressources naturelles et la pérennité des services écosystémiques.
La partie suivante a pour objectif de faire connaître des actions pouvant servir à la réalisation des axes stratégiques décrits ci-dessus. Elle comporte des actions pilotes réalisées dans le cadre du projet
SEARCH et d’autres bonnes pratiques déployées dans le Rif marocain et dans d’autres zones méditerranéennes.
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Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN

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